Tic-tac.
Les secondes résonnent dans les couloirs de pierre. Si chacune pouvait
raconter son histoire, il y aurait de quoi remplir des kilomètres d'étagères.
Mais les pierres sont muettes. Pas comme l'horloge.
Tic - tac.
Mais elle ne sait dire que ça l'horloge. Tic-tac. Universel métronome, elle
compte le temps, compte et contemple.
Mais la maison s'est vidée. Nul être ne l'accompagne désormais plus dans son
métrage infini d'une chronologie de la fuite en avant.
Le temps passe, mais le sien arrive à son terme.
Bientôt son ressort sera détendu et son sort scellé.
Tic - tac.
Déjà ses soupirs s'espacent. Peut-elle se remémorer les nombreuses mains qui
l'on remontée ? Se rappeler des doigts qui, doucement, délicatement, caressaient
ses aiguilles pour les redresser sur le cadran ?
Est-ce un effet du soleil cette ombre qui s'étire vers son mécanisme ?
Un nuage dans le ciel, ou un fantôme surgit du passé, d'un tic-tac
révolu ?
Et le bois peut-il frémir, trembler dans l'immobilisme du temps ?
L'essence noble d'un arbre qui autrefois portait des fruits possède-t-elle une
âme ?
Tic - tac.
De son œil unique, elle fixe la fenêtre, l'horloge. Elle a vu tant de
saisons, de pluies, de nuages, de grêles et de neiges. Le tic-tac de la planète
dans laquelle, il y a bien longtemps, des racines puisaient l'énergie de sa vie
végétale.
Son énergie est désormais mécanique, mais sans être vivant qui l'actionne et
qui la regarde, plus de vie, plus de mouvement. Plus de sens. Seul le temps n'a
besoin de personne, ni de rien. Même pas d'être mesuré.
Elle s'essouffle, elle n'en a plus longtemps. Déjà, la poussière ternit sa
patine, donnée par d'innombrables caresses sur le grain léger de sa peau
vernie.
Tic - tac
C'était bien un nuage. Dehors la pluie commence à tomber. Une rafale de vent
finit par avoir raison de la fenêtre qui s'ouvre en claquant. La pluie
s'engouffre mais ne parvient pas à atteindre l'horloge. Mais une unique goutte,
portée par la grâce de la légèreté, profite de son cousin le vent. Elle est
portée par des mains invisibles. Doucement, elle est déposée sur le bas du
cadrant. Lentement, elle coule.
Tic -
L'horloge vit ses dernières secondes. Et c'est en pleurant que son souffle
s'arrête.
La mort du temps... Très jolie personnification de l'horloge... j'aime.
RépondreSupprimerCa le faisait moins avec une montre gousset... Merci Cat !
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